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Sourires désinvoltes

Une dame lit longtemps, de son doigt, la surface du papier et du braille. Au bout de sa lecture, elle me parle avant tout de la douceur de ce livre d’art que nous avons conçu pour tous, c’est-à-dire aussi pour les aveugles.

Le livre d’art est rare, que dire alors d’un livre pour aveugles ! Et pourtant, j’ai fait un livre d’art pour les aveugles… Ce n’est pas un livre pour les aveugles : c’est un livre aussi pour les aveugles. Sa raison d’être remonte à loin ; les échos descendent profondément dans sa forme.

Esthétique d’ensemble

J’ai cherché des fonds aux couleurs sourdes, atténuées. Quand on regarde les pages, j’espère que l’on n’est pas choqué, et que l’on se sent en présence d’un équilibre. La mesure de la page a été conçue à partir de la dimension de la page Moulin du Gué, codées depuis longtemps. En typographie, on dit que la page doit respirer : marges suffisamment grandes mais pas trop, afin que le texte ne soit ni perdu ni étouffé. Il fallait donc un gras, et un caractère plus assis que le Garamond que je voulais initialement utiliser. C’est le typographe qui m’a conseillé un Goldoni, c’est un vieux et beau caractère.

Toutes les pages ont la même intensité : quand j’ai gravé mes plaques, j’avais un carnet de bord où je notais le temps de morsure des plaques ; sans cela, l’ensemble aurait perdu de son homogénéité, ce qui aurait été une déperdition de sens — à l’inverse d’autres livres, comme Autoportraits, où je jouais précisément sur l’hétérogénéité.

Jacques Caux

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