Un métier.
Il est vrai, pourtant, que la céramique c'est d'abord la terre, cette chose informe d'où tout - ou rien - peut advenir.
Le papier, la toile, les couleurs, ce sont déjà des objets fabriqués. La terre, non. Il suffit de se baisser.
Je suis allé dans un "trou à terre" ( donné par un vieux briquetier ), la chercher des jours de gel, je l'ai séchée, concassée, mouillée, décantée, filtrée, passée dans des bacs à plâtre, battue, laissée pourrir avant... avant de me trouver avec elle. Nous avions à parler tous les deux. Il y avait des mois que nous attendions ce moment: faire ensemble, nous faire.
J'ai fait de la céramique, la céramique m'a fait.
Mais j'ai aussi appris auprès des artisans, de ceux qui avaient le "métier".
Certains artistes revendiquent ne pas avoir de métier. C’est une imposture. C'est oublier la socialité inhérente à l'humain. C'est aussi d'un orgueil démesuré.
Pour en revenir à la terre, certains matériaux possèdent de la vie, d'autres n'en ont plus. La terre contient de la vie. C'est aussi pour cela qu'il faut la prendre avec humilité, l'écouter.
Bien. On peut dire qu'aujourd'hui je possède le métier de céramiste, comme celui de peintre. Je peux maintenant résoudre les problèmes qui se présentent et rester le plus possible dans le rapport sensuel et direct que je ressens et que je veux faire ressentir.